Avec des classes de Terminale à 35 ou 37 élèves l'année prochaine en bac pro, qui peut croire que l'on puisse travailler, non seulement travailler correctement, mais travailler tout court ?
Avec, si tout se passe comme prévu, 8 postes de moins au lycée général et technologique, 1 CPE de moins, des coupes drastiques aussi de postes, annoncées mais encore inconnues dans le détail, au lycée professionnel, qu'aurons-nous comme possibilités de faire un travail honnête et formateur pour nos élèves?
Comment notre lycée, qui fait un travail éducatif et social non négligeable dans notre secteur, peut-il se voir affecter 10 pour cent des coupes drastiques prévues pour les diminutions de postes à la rentrée 2011 dans le département?
Sommes-nous un lycée qui a si peu besoin d'encadrement pour ses élèves? Notre image n'est pas celle d'un lycée de centre-ville avec latin, grec, et concours général à la pelle, et ce n'est pas non plus notre réalité. Nous faisons un travail fondé sur la mixité sociale, en nous engageant dans nos classes, où les choses se passent bien : notre lycée a des taux de "valeur ajoutée", c'est-à-dire de réussite des élèves par rapport à leurs milieux d'origine, meilleur que beaucoup d'autres de la région dans de nombreuses sections.
C'est du boulot, de l'engagement, et c'est fragile.
C'est précieux, surtout.
Ce sont des élèves qui vivent des années structurantes, qui deviennent des adultes qui sauront construire leur vie professionnelle, affective, intellectuelle. Nous voulons qu'ils soient, pour eux-mêmes et pour la société dans laquelle ils feront leur place, des moteurs et non des poids.
Qu'espère t-on construire comme société en déconstruisant les lieux où, plus qu'ailleurs, on apporte des éléments à des jeunes qui ne sont pas déjà tirés d'affaire par leur origine sociale?
Ils sont là ces gamins, de classes et d'origines diverses. Les laisser en rade, disons-le à ceux qui veulent moins d'Etat, moins d'impôts, moins de souci pour les autres dans la société, c'est se préparer énormément de ces problèmes sociaux qu'on veut éviter pour profiter de sa place au soleil, et que nous voulons combattre, pour notre part, pour ces jeunes eux-mêmes.
A trop vouloir construire une société inique, dépourvue de solidarité, sans espoir pour ses jeunes, on finit par créer des situations explosives... Nos amis du Sud de la Méditerranée nous montrent pourtant ce qui pourrait bien arriver à nos propres dirigeants !
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